Pour ses 11 premiers mois de fonctionnement, le Réseau de santé Vitalité se retrouve avec des dépenses excédentaires frôlant les 100 millions $, et ce, en grande partie en raison de l’utilisation du personnel d’agence.

L’excédent se chiffre actuellement à 97,8 millions $. De ce montant, le recours aux infirmières d’agences privées (infirmières itinérantes) est de 94,2 millions $. Le reste de cet excédent, un montant de 3,6 millions $, est quant à lui attribuable à des dépenses générales comme l’achat d’équipements.

Ces données ont été confirmées, mardi, par le conseil d’administration de Vitalité lors de sa rencontre publique qui se déroulait à Campbellton.

Comme il reste encore quelques semaines à l’année financière en cour, la facture pour l’utilisation de cette ressource dépassera inévitablement les 100 millions $.

Dans son exposé au conseil, Réjean Després, responsable des finances, a tenu à préciser que le réseau a fait appel à ces infirmières pour répondre au manque de ressources et faire en sorte d’assurer qu’il n’y ait pas de rupture dans les services existants.

«Ce n’est pas un luxe. Avec cette mesure, on s’assure de la sécurité de notre patientèle», a-t-il indiqué.

En entrevue à la suite de la rencontre, la PDG du Réseau de santé Vitalité, France Desrosiers, abondait dans le même sens, soit que dans les circonstances actuelles, le recours aux infirmières était amplement justifié.

Le conseil d’administration du Réseau de santé Vitalité s’est réuni, mardi, à Campbellton. Sur la photo, le président du conseil, Tom Soucy, et la PDG du réseau, France Desrosiers. – Acadie Nouvelle Jean-François Boisvert

Elle soutient notamment qu’en dépit de plusieurs stratégies mises en place par le réseau pour éviter le recours à cette ressource dispendieuse – y compris la diminution de services et la fermeture d’une centaine de lits -, le réseau n’avait d’autre choix que d’opter pour cette voie afin de maintenir un niveau de soin sécuritaire.

«Malgré nos efforts, on était sur le point de fermer deux salles d’urgence et 70 lits supplémentaires. C’est ça qu’on veut dire quand on dit que faire appel à ces infirmières n’était pas superflu. On a dû combler un besoin équivalent à 180 postes à temps plein (d’infirmières) dans le réseau pour arriver à un niveau de soins de base», explique Mme Desrosiers.

Pour les mois à venir, la PDG anticipe être moins dépendante de cette ressource infirmière.

«On a attaché cette stratégie à toutes sortes d’autres stratégies de sorte à diminuer ce besoin. Déjà, la courbe a commencé à descendre un petit peu depuis l’été dernier, mais on va voir une bonne baisse à partir de l’automne prochain et progressivement jusqu’en février 2026 où on devrait alors avoir à peine besoin d’elles», dit-elle.

Maintenant, qui va payer la note de ces infirmières itinérante? Mme Desrosiers avait indiqué précédemment qu’une demande avait été logée auprès du ministère de la Santé afin d’aider le réseau à éponger cette dette. Celle-ci soutient toujours qu’aux dernières nouvelles, l’argent devrait provenir de ce ministère.

Plus d’embauches

Si le réseau veut se départir graduellement des infirmières d’agences, elle devra pourvoir ses postes vacants. À ce sujet, on avait aussi de bonnes nouvelles.

Pour la deuxième année consécutive, le réseau annonce que le nombre de nouvelles embauches excède celui des départs au chapitre des effectifs infirmiers. Entre le 1er avril et le 31 décembre 2023, le nombre d’embauches s’est chiffré à 198 embauches contre 117 départs, un gain de 81 employés.

Le réseau attribue cette performance aux efforts de recrutement dans la province, ailleurs au pays, mais surtout à l’international. En 2023, plus de 100 nouveaux employés provenant de l’international sont entrés en poste au réseau, notamment suite à la présence de celui-ci à des salons de l’emploi au Maroc, en France et en Belgique.

Pour Mme Desrosiers, il s’agit d’une excellente nouvelle.

«On a inversé les courbes de départ et d’arrivée depuis maintenant presque deux ans, puis l’écart entre les deux s’agrandit chaque fois. On cible nos unités qui sont le plus en difficulté, donc on a des unités qui ressentent franchement la différence. On a toutefois besoin de travailler encore pour atteindre nos équivalents de postes à temps plein.»

Des missions additionnelles sont prévues ce printemps au Maroc et en Côte d’Ivoire. Selon ses prévisions, le Réseau anticipe une augmentation du nombre de recrues pour l’année en cours.

Le recrutement ne se fait pas qu’à l’étranger. Le réseau soutient en effet avoir recruté 88% des finissants en soins infirmiers de l’Université de Moncton, un score plus élevé que par les années antérieures.

Le conseil d’administration du Réseau de santé Vitalité s’est réuni, mardi, à Campbellton. – Acadie Nouvelle Jean-François Boisvert

Précieux robot

Le robot chirurgical installé au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont livre la marchandise. Depuis le début de son fonctionnement le 1er février 2023 jusqu’à aujourd’hui, le programme de chirurgies robotiques a opéré 365 patients, et ce, sans aucune complication. Manœuvré par des chirurgiens, ce robot permet l’exécution de chirurgies moins invasives, ce qui diminue les risques de complication chez les patients. Six chirurgiens ont été formés pour opérer le robot qui est utilisé jusqu’ici pour les chirurgies urologiques et gynécos oncologiques, les deux spécialités ciblées pour démarrer le programme. La prochaine étape consiste à ajouter d’autres types de procédures, comme la chirurgie thoracique (poumon), générale (cancer du côlon, du rectum, etc.), du foie et du pancréas. Ces spécialités devraient être ajoutées au courant de l’été.

Chirurgienne-oncologue à l’hôpital George L. Dumont, Robyn Comeau utilise le robot depuis mars 2023. Dans une vidéo diffusée lors de la rencontre du conseil d’administration, elle a expliqué que cette intervention minimaliste permettait aux chirurgiens d’être confortables pendant de longues périodes.

«Et pour le patient, ça fait en sort que leur récupération est plus rapide, que la douleur est moindre. Leur séjour à l’hôpital est aussi plus court. Certains peuvent quitter l’hôpital la journée même ou le lendemain», a-t-elle indiqué, vantant cette nouvelle technologie.

Qu’à cela ne tienne, le robot chirurgical est victime de son succès. Alors que se pointent de nouvelles spécialités, son temps d’utilisation est déjà pratiquement maximisé.

Interrogée à ce sujet, Jocelyne Hébert, responsable du programme, croit qu’avec l’arrivée des prochaines spécialités, Vitalité n’aura d’autres choix que de se doter d’un second robot si le réseau veut continuer de développer ce service.

«Son utilisation est devenue un défi, les demandes n’arrêtent pas d’arriver. On a des chirurgiens d’autres zones et même d’Horizon qui veulent venir opérer au CHU. Avec l’arrivée des prochaines spécialités, on va certainement avoir besoin d’un deuxième robot à Vitalité d’ici un an», indique-t-elle.

Selon elle, de plus en plus de chirurgiens sortent des écoles formés pour l’utilisation de ces outils. La présence de ce robot devient donc en quelque sorte un outil – et un enjeu – de recrutement.

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