En 1991, le chanteur Axl Rose et ses potes du groupe rock Guns N’Roses se demandaient ce qu’il pouvait bien y avoir de «civil» dans une guerre civile. Si l’on s’en fie au percutant film du même titre lancé en salle il y a une semaine, la réponse est simple: absolument rien.

Une guerre civile est un conflit mettant aux prises les forces militaires d’un pays à un groupe armé du même État.

Écrit et réalisé par Alex Garland (28 Days Later, Ex Machina), Guerre civile se déroule aux États-Unis, dans un futur rapproché, mais non spécifié.

Au moins deux groupes souhaitent faire sécession: l’Alliance de la Floride ainsi que les Forces de l’Ouest (du Texas et de la Californie). Ils ont déclaré la guerre au reste des États-Unis et avancent lentement vers Washington.

Même s’il sait que sa défaite est inévitable, le président, reclus à la Maison-Blanche, multiplie les adresses à la nation qui proclament le contraire et refuse de parler à la presse.

Déterminés à questionner le président, deux journalistes et autant de photographes (dont Kirsten Dunst) décident de faire le dangereux voyage de New York à Washington. Un périple de 1380 km au cours duquel ils vont être témoins des pires horreurs de la guerre…

Guerre civile est un film unique. À Hollywood, les États-Unis sont toujours les gentils, la nation qui sauve le monde. Dans le film de Garland, les deux camps sont du mauvais côté. Il en résulte une expérience cinématographique assez déboussolante.

L’oeuvre est aussi une succession de réflexions sur la guerre, l’humanité, la démocratie, le journalisme, la propagande et le racisme. Selon moi, Garland aurait pu aller encore plus loin dans sa critique sociale. Il laisse toutefois ses images, particulièrement dans la deuxième heure, parler d’elles-mêmes.

Parlant d’images, la cinématographie de Guerre civile est très impressionnante. On sent la recherche derrière chaque cadrage. Une application très à propos quand on considère qu’il est beaucoup question, dans le récit, de ce qui fait une bonne photo.

Les manoeuvres militaires du 3e acte sont elles aussi spectaculaires – on se doute qu’une très bonne partie des 50 millions $ du budget du film ont servi à la location de véhicules de guerre. Certaines images sont dignes des meilleurs films du genre et leur réalisme est saisissant.

Mais au-delà de tout ça, le fait est que si Guerre civile est une expérience cinématographique mémorable, c’est en raison de sa violence.

Certaines scènes d’exécution montrées à l’écran ne détonneraient pas à Fallujah, à Alep, à Kaboul, à Beyrouth ou à Kharkiv. Le fait qu’elles se déroulent en Amérique les rend surréelles. On parle ici de meurtres de civils par l’armée et de charniers, notamment – dont une scène absolument cauchemardesque. Tout ça dans les rues de Washington, à quelques pas de la Maison-Blanche. D’une gratuité qui donne le tournis. Mais quel impact!

Dunst, sans maquillage, est exceptionnelle dans son rôle de photographe d’expérience aseptisée à la souffrance. Le duo qu’elle forme avec la jeune Cailee Spaeny (Priscilla) est inoubliable.

Guerre civile n’a pas de 2e ou de 3e degré. Son message est simple et limpide: que vous soyez noir ou blanc, riche ou pauvre, démocrate ou républicain, accordez-vous, citoyens américains. Parce que vivre sous Trump ou Biden ne sera jamais plus destructeur que de vivre une guerre civile.

(Quatre étoiles sur cinq)

 

Woody le pic: alerte au camp

Lancé en exclusivité sur Netflix, Woody le pic: alerte au camp (Woody Woodpecker Goes to Camp) est un des films familiaux les moins subtils et les plus prévisibles que j’ai vus dans ma vie.

Suite du plutôt mal accueilli Woody Woodpecker (2017), ce nouvel épisode raconte une autre mésaventure du pivert rigoleur. Woody est une fois de plus expulsé de sa forêt, cette fois parce qu’il multiplie les sottises, au grand désagrément de ses amis animaux.

Woody ne pourra réintégrer son logis que s’il apprend à travailler en équipe. Il s’enrôle donc dans un camp d’été où une bande de jeunes ados introvertis tentent de s’ouvrir sur le monde par le biais des arts.

Les choses deviennent explosives quand Buzz le balbuzard débarque au camp afin d’y dénicher un légendaire trésor…

Les enfants des années 1970 et 1980 ont grandi avec le dessin animé très rigolo de Woody le pic. Il était un classique des samedis matins.

Aujourd’hui, le pivert a migré au grand écran. Il apparaît sous forme d’animation, mais interagit avec des humains dans une capture réelle. Si le média a changé, l’humour, lui, reste le même.

Comme Will. E. Coyote et Bugs Bunny, Woody fait dans l’humour physique au premier degré. Les enfants rigolent de bon coeur. Les adultes, eux, s’ennuient de la subtilité qui marque le cinéma familial depuis déjà quelques décennies.

Au final, l’effet nostalgie n’opère pas du tout et seuls les petits cinéphiles de 8 ans et moins apprécieront Woody le pic: alerte au camp.

(Une étoile et demie sur cinq)

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