Une récente décision du ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail pourrait avoir sonné la fin de la succursale du Collège communautaire du Nouveau-Brunswick à Saint-Quentin.

Implanté dans cette communauté depuis de nombreuses années, le CCNB y offre la formation d’Études secondaires pour adultes, un programme de mise à niveau visant à préparer les étudiants à l’obtention d’un diplôme d’études secondaires. Cette formation cessera toutefois le 14 juin faute de financement de la province. À la fin de l’année académique, le bail de location de l’établissement – financé aussi via une entente avec Travail NB – prendra également fin. Conséquence de cette décision, la succursale du CCNB fermera ses portes.

La direction du CCNB a confirmé l’information à l’Acadie Nouvelle, imputant au passage la fin de cette formation à Travail NB.

«L’institution travaille de concert et depuis de nombreuses années avec Travail NB afin de livrer le programme Études secondaires pour adultes à Saint-Quentin. Récemment, Travail NB a décidé de ne pas renouveler ce service à la fin de l’année en cours», confirme un porte-parole du CCNB, laissant le soin au ministère de justifier sa décision.

Celui-ci poursuit néanmoins en indiquant que «le CCNB demeure un partenaire dans la région» et que «des rencontres avec des intervenants de la communauté sont prévues prochainement» en lien avec ce dossier. On soutient par exemple que des programmes de formation continue, tels que ceux en informatique, pourraient être proposés au besoin dans un espace loué ou directement chez un partenaire.

Au ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail, on explique cette situation par une demande croissante pour certains services de premières lignes, demande qui a entraîné des changements à ses programmes ainsi que la réaffectation de certains fonds. Et comme le nombre de participants aux études préparatoires est en baisse au CCNB de Saint-Quentin, ce dernier a écopé.

«Cependant, les formations sont toujours disponibles pour les étudiants par le biais de cours en ligne. Bien que les tests pour terminer les cours doivent être effectués en personne, les étudiants locaux ont la possibilité de les faire à leur bibliothèque publique», précise un porte-parole.

Inauguré en mars 2014, le local satellite du CCNB de Saint-Quentin se trouvait préalablement dans une résidence. En optant pour un local, la direction de l’époque souhaitait créer un environnement plus fidèle à celui d’une salle de classe, question d’offrir une motivation supplémentaire aux étudiants.

Déception 

Mis au fait de cette situation, la mairesse de Saint-Quentin, Nicole Somers, a affiché une vive déception.

«Maintenant quoi, on va demander aux personnes qui avaient décidé de se prendre en main et de suivre cette formation de se rendre à Campbellton, de faire plus de deux heures de route tous les jours dans des conditions souvent difficiles? Ce que ça risque de faire, c’est que bon nombre d’entre eux vont simplement mettre fin à leur parcours scolaire», déplore-t-elle.

Mme Somers a déjà entrepris des démarches afin de tenter de faire renverser cette décision. Ce qu’elle demande, c’est que les intervenants concernés réévaluent leur position.

«Quand un adulte décide de retourner à l’école pour s’éduquer, c’est pour avoir un meilleur travail, un meilleur salaire, et on ne devrait pas l’empêcher de le faire. On ne devrait pas non plus pénaliser les gens au niveau de leur éducation parce qu’ils demeurent en région», dit-elle, notant que le gouvernement devrait voir l’éducation comme un investissement et non une dépense.

«On a le choix d’aider les gens en les éduquant ou sinon, dans le futur, par d’autres programmes gouvernementaux parce qu’ils n’auront pas acquis les qualifications pour travailler et avoir un salaire décent. Pour moi, le choix est clair», ajoute-t-elle.

Député de Restigouche-Ouest, Gilles LePage se dit également préoccupé par ce dossier, au point où lui et son gouvernement ont questionné le ministre responsable (Greg Turner). Il abonde d’ailleurs dans le même sens que la mairesse Somers.

«Je trouve un peu particulier qu’on propose à cette clientèle – qui pour une grande majorité, a connu des difficultés avec les études par le passé – de se tourner vers l’école en ligne. Au contraire, moi je crois qu’ils ont besoin de l’accompagnement personnel, d’un encadrement comme on retrouve à la succursale. L’éducation de base, la littératie, la numératie… Je pense qu’on n’a pas le choix de faire ce processus en personne», souligne-t-il.

Pas notre mandat 

Comme solution pour préserver l’établissement à Saint-Quentin, un responsable de Travail NB a par ailleurs proposé à la municipalité de s’acquitter des frais loyers de l’édifice ou encore de lui trouver un autre local sans frais. Cette proposition, Mme Somers l’a rejetée d’emblée, estimant que ce rôle revient à la province.

«On a été clair qu’on ne peut pas prendre un mandat d’éducation au niveau municipal. L’éducation c’est un mandat provincial. La cour des municipalités est déjà pas mal pleine comme c’est là sans qu’on rajoute d’autres responsabilités. Ce ne serait pas juste non plus pour nos citoyens de les faire payer pour ça alors qu’ils paient déjà le système d’éducation par le biais de leurs impôts provinciaux. Ils se retrouveraient ainsi à payer deux fois pour la même chose», dit-elle.

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