La ministre du Tourisme, Tammy Scott-Wallace, et sa sous-ministre Yennah Hurley ont un goût prononcé pour les voyages, les attractions les plus populaires et les hôtels de luxe. Elles ont aussi une imagination débordante quand vient le moment de justifier les factures salées qu’elles refilent aux contribuables.

Une enquête de la CBC a révélé cette semaine que la sous-ministre Yennah Hurley a réclamé des remboursements de 77 700$. C’est de loin la somme la plus importante réclamée en 2023 par une haute fonctionnaire.

Les données compilées par CBC révèlent que Mme Hurley multiplie les voyages dans les destinations touristiques: Banff, Québec, la Caroline du Nord et l’Europe font partie des lieux qu’elle a visités au cours des douze derniers mois, officiellement pour le travail.

Si elle n’oublie pas de remplir ses allocations de dépenses, elle n’est pas aussi précise quand elle doit justifier ses activités. Elle donne peu de détails sur le but de ses voyages et refuse d’accorder des entrevues.

Mme Hurley est un cas spécial. Cette ancienne blogueuse a touché le gros lot en raison de l’admiration que lui porte Blaine Higgs.

Aussitôt porté au pouvoir, le premier ministre l’a embauchée en tant que conseillère spéciale. Un mois plus tard, la sous-ministre au Tourisme, Françoise Roy, a été congédiée. Le poste est maintenant occupé par Mme Hurley.

Cette résidente de Quispamsis (le lieu de résidence de Blaine Higgs) a depuis déménagé à Fredericton. Les contribuables ont payé le déménagement (3550,67$) et les honoraires de l’agent immobilier (15 000$).

La dépense la plus scandaleuse est toutefois la tournée en Europe, qui a toutes les allures d’une visite touristique de luxe déguisée en voyage d’affaires aux frais des contribuables.

En septembre, la ministre Scott-Wallace et la sous-ministre Hurley ont effectué un voyage de huit jours au Royaume-Uni et en France. Elles ont respectivement réclamé 10 199$ et 12 328$ pour ce périple.

Mme Scott-Wallace et Mme Hurley affirment avoir effectué des visites dans des lieux emblématiques afin de recueillir des informations sur les meilleures pratiques qui pourront ensuite être importées au N.-B.

Elles ont visité le Château Windsor, le Palais de Versailles, Stonehenge, et même le London Eye, une grande roue permettant aux touristes d’admirer en hauteur la capitale britannique.

La ministre Scott-Wallace affirme avoir rencontré des organisateurs de voyage et autres opérateurs touristiques. Elle soutient qu’une visite au British Museum apportera des bienfaits au Musée du Nouveau-Brunswick, et ce, même si aucun employé de cette institution située à Saint-Jean ne l’accompagnait.

Elle ajoute que grâce à cette tournée, les visiteurs en provenance du Royaume-Uni, de la France et de l’Allemagne sont plus nombreux au Nouveau-Brunswick depuis 2022.

Soyons sérieux. Cette statistique est en hausse, au Nouveau-Brunswick comme partout ailleurs au cours de la dernière année, en raison de la fin des restrictions pandémiques (les dernières sont tombées en octobre 2022 au Canada). C’est nous prendre pour des valises que d’arguer que cette croissance est directement liée à cette tournée.

Détail révélateur, des représentants du ministère du Tourisme ont été interrogés en septembre 2023 devant le Comité permanent des comptes publics, à peine deux semaines après le retour d’Europe de Mme Scott-Wallace et de Mme Hurley. Ils n’ont pas soufflé mot de ce voyage que le ministère qualifie pourtant comme étant «incroyablement important».

La vérité est plus simple. Ce gouvernement est atteint d’usure du pouvoir. Il est détaché du plancher des vaches. La décision de passer la nuit dans des hôtels de luxe (400$ la nuit à Paris, 600$ la nuit à Londres) n’a fait sourciller personne au cabinet.

Cette controverse rappelle celle qui a frappé l’année dernière l’Office de consultation publique de Montréal, dont les membres avaient pris l’habitude de multiplier les missions à l’étranger aux allures de voyages touristiques et aux retombées douteuses.

Tout laisse croire que seule une infime partie de la tournée néo-brunswickoise en Europe a réellement eu lieu pour des raisons professionnelles. Nous invitons la ministre Scott-Wallace et la sous-ministre Hurley à rembourser aux contribuables  leurs réclamations excessives.

De plus, nous exhortons le gouvernement à resserrer son contrôle sur le ministère du Tourisme afin de mettre fin aux dépenses exagérées et injustifiées de ses employés.

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