La tentative ratée du Parti progressiste-conservateur de mettre la chef libérale Susan Holt dans l’embarras marque une nouvelle évolution dans la politique partisane néo-brunswickoise. Tous les coups sont permis.

La semaine dernière, les progressistes-conservateurs ont déterré une vieille déclaration de la chef de l’opposition libérale Susan Holt datant de 2014. Alors PDG du Conseil d’entreprises du N.-B., elle avait salué le fait que le gouvernement étudie la possibilité de fermer des écoles. «C’est une conversation que nous devons aborder», avait-elle déclaré.

Le PC a diffusé cette déclaration sur les médias sociaux et est passé à l’attaque. «Les parents, les élèves et les éducateurs méritent des éclaircissements de sa part», peut-on lire dans le communiqué.

Cette attaque contre la chef libérale est extraordinairement maladroite.

La déclaration de Susan Holt date de 10 ans. La situation démographique de notre province était très différente. C’était avant la pandémie et surtout avant la forte croissance de la population et de l’immigration qui a suivi. De nombreuses écoles étaient à moitié vides.

Par ailleurs, il est toujours risqué de pointer la paille dans l’œil de son adversaire, mais de ne pas voir la poutre dans le sien.

Blaine Higgs a été ministre des Finances sous David Alward de 2010 à 2014. Il avait laissé entendre pendant cette période être en faveur de fermetures d’écoles et même d’hôpitaux. Il a plusieurs fois partagé ses idées concernant la diminution du nombre d’élèves et la quantité présumément trop élevée d’écoles.

C’est sans compter que Blaine Higgs peut être critiqué sur son piètre bilan en éducation.

Il traîne derrière lui un lourd passif: réduction des droits des élèves LGBTQ+, fermeture des classes pour des raisons futiles, pandémiques ou de conflits de travail, tentative ratée de supprimer le programme d’immersion française, volonté de s’accaparer les pouvoirs décisionnels des districts scolaires anglophones, chercher à rendre optionnels les cours d’éducation sexuelle, annulation des travaux de remise à neuf des écoles, rejet des projets de construction de nouveaux établissements scolaires francophones, etc.

N’en jetez plus, la cour est pleine!

Le Parti progressiste-conservateur n’a pas inventé le concept des publicités négatives. Celles-ci font partie intégrante des campagnes électorales américaines.

Sur la scène fédérale, les libéraux ont réussi, lors des deux dernières campagnes électorales, à utiliser le passé des chefs conservateurs Andrew Scheer et Erin O’Toole contre eux.

Il est probable que le Parti libéral du N.-B. fera de même en temps et lieu. Par exemple, la candidate vedette du PC et probable ministre advenant la réélection du gouvernement, Faytene Grasseschi, a écrit plusieurs livres dans lesquels elle exprime ses idées rétrogrades sur la religion, l’avortement et la place de Dieu en politique. Une mine d’or pour tout adversaire politique averti.

Il n’y a rien d’étonnant à voir le Parti progressiste-conservateur s’avancer sur ce terrain. Il a d’ailleurs remis ça cette semaine, cette fois en tentant de peindre Mme Holt comme étant insensible aux droits des parents.

Par contre, nous sommes préoccupés de voir la frontière devenir chaque jour un peu plus floue entre le gouvernement et le parti.

Revenons à l’attaque partisane contre Susan Holt. Le communiqué du PC comprenait des déclarations attribuées au ministre de l’Éducation, Bill Hogan. Ce dernier est un ancien directeur d’école. Il sait très bien que la décision de fermer une école revient aux districts scolaires, pas au premier ministre. Il n’a pourtant pas hésité à associer son nom et sa crédibilité à cette tentative de désinformation.

Par ailleurs, le chef de campagne du Parti progressiste-conservateur a pour nom Steve Outhouse, bien connu pour avoir occupé le même rôle auprès de la première ministre albertaine Danielle Smith.

Or, M. Outhouse vient d’être nommé secrétaire principal du bureau du premier ministre Higgs. Il occupe à la fois un poste partisan, rémunéré par le PC, et un poste de fonctionnaire, payé par les contribuables.

Le bureau du premier ministre est devenu un appareil partisan dont les stratégies et la vision portent la marque d’un ancien pasteur baptiste ayant des racines ancrées en Ontario et dans l’Ouest canadien plutôt qu’au Nouveau-Brunswick. Voilà qui est plus préoccupant que n’importe quelle déclaration faite par des politiciens dans les années 2010.

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