À compter de septembre, le téléphone cellulaire ne sera plus permis en classe, sauf pour des raisons pédagogiques et médicales. Nous appuyons cette directive. Les enfants passent déjà trop de temps devant des écrans.

Le ministère de l’Éducation a annoncé cette semaine que de nouvelles règles seront mises en place dès la prochaine rentrée scolaire. Les élèves ne pourront plus conserver leur téléphone dans leur poche, dans leur sac à dos ou dans leur pupitre. Il devra être déposé en mode silencieux dans un endroit désigné de la salle de classe.

Évidemment, les enseignants ne laissent pas leurs élèves passer leur temps le nez collé à leur téléphone.

L’appareil prend néanmoins de la place dans les salles de classe et représente une source de distraction. Il est facile de surveiller du coin de l’œil les alertes ou de répondre discrètement à un texto. Il y a bien longtemps que les élèves ne communiquent plus en se passant secrètement des bouts de papier d’un pupitre à l’autre.

Les téléphones intelligents font maintenant partie de nos vies. Ils servent à communiquer, à se divertir, à payer des factures (plus besoin de traîner sa carte de débit) et même à des raisons médicales, notamment pour les diabétiques. Faire comme s’ils n’existaient pas ne servirait à rien.

Il faut toutefois être naïf pour croire que les apprenants qui passent du temps sur leur cellulaire en classe, avec la permission des enseignants ou au nez et à la barbe de ceux-ci, le font pour des raisons pédagogiques. Ils sont plutôt attirés par ce que les spécialistes surnomment le junk food numérique.

Des applications comme Snapchat, Instagram et TikTok sont extrêmement populaires, tout comme des plateformes de jeux vidéo tels Roblox. L’enseignant qui tente d’expliquer à sa classe le théorème de Pythagore ne peut rivaliser avec le pouvoir d’attraction d’un téléphone qui vibre dans le fond d’une poche d’un élève.

D’autres gouvernements l’ont compris. Le Québec interdit l’utilisation du cellulaire en classe depuis janvier. L’Ontario a décidé de faire de même. C’était une question de temps avant que le Nouveau-Brunswick ne s’intéresse à cet enjeu.

Nous apprécions néanmoins le fait que le gouvernement provincial ait choisi de ne pas jeter le bébé avec l’eau du bain. Ainsi, le recours au cellulaire dans la classe sera autorisé pour des raisons pédagogiques et sur indication de l’enseignant.

Il ne sert à rien de démoniser les nouvelles technologies. Celles-ci peuvent être très utiles. Plusieurs enseignants aiment bien utiliser l’application en ligne Kahoot, qui permet aux élèves de répondre à des jeux-questionnaires de façon plus amusante et interactive que le bon vieux test sur une feuille de papier.

Allons encore plus loin. Nous croyons que le système scolaire peut faire de l’éducation numérique, en montrant par exemple aux enfants comment régler les paramètres de confidentialité des réseaux sociaux, en leur expliquant de quelle manière les algorithmes manipulent ce qu’ils liront et influencent leur pensée, en leur donnant des outils pour éviter des fraudeurs, et plus encore.

Cet enseignement doit toutefois se faire dans un cadre limité et supervisé, avec un objectif d’apprentissage. L’école doit être un lieu où les enfants décrochent du numérique.

Le défenseur des enfants du Nouveau-Brunswick, Kelly Lamrock, a fait une sortie remarquée au début de l’année. Il soutient que l’utilisation du cellulaire et des réseaux sociaux contribuent à la détérioration de la santé mentale des jeunes.

Faudrait-il interdire les téléphones cellulaires en classe, mais aussi sur l’heure du dîner à la cafétéria et dans la cour de récréation? La question mérite d’être posée. L’école n’est pas qu’un lieu d’apprentissage formel et classique. C’est aussi un milieu de vie où les enfants apprennent à socialiser. Jouer dans le réel, face à face, est essentiel à leur développement, a rappelé Patrick Lagacé dans une série de chroniques publiées récemment dans La Presse. Ce temps de jeu est cannibalisé depuis quelques années par le temps d’écran.

Nous continuons chaque jour à en apprendre un peu plus sur les conséquences de la place grandissante du numérique dans nos vies. Il était plus que temps que le gouvernement provincial encadre plus sévèrement ce phénomène dans nos salles de classe.

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