Par Martin Roy
48e Festival de musique baroque de Lamèque: Quatre Saisons aux mille couleurs
Quatre saisons éclatées et aux mille couleurs: voilà ce que proposent les organisateurs du 48e Festival international de musique baroque de Lamèque qui aura lieu du 24 au 27 juillet.
Le président du conseil d’administration du Festival, Jean-René Noël, et le directeur artistique Vincent Lauzer – dont c’était aussi l’anniversaire de naissance mercredi -, ont dévoilé les détails de la programmation de l’événement qui se tiendra à divers endroits dans les îles de Lamèque et de Miscou.
La série de concerts de soirée des jeudi, vendredi et samedi soir, présentés à 19h30 en l’église Sainte-Cécile de Petite-Rivière-de-l’Île, donnera le la au Festival. Le premier (jeudi 25 juillet), mettra au premier plan les célèbres Quatre Saisons de Vivaldi interprétées par des jeunes musiciens de l’ensemble Pallade Musica. Le concert mettra aussi en vedette The Four Seasons and a Melting Iceberg, une œuvre pour flûte à bec seule du compositeur québécois Matthias Maute ainsi que des textes créés spécialement pour ce volet par des auteurs acadiens: Pierre-André Doucet, Emma Haché, Dyane Léger et Jonathan Roy.
Le deuxième, présenté le vendredi 26 juillet, donnera l’occasion au public d’entendre des cantates de Boismortier inspirées des saisons et abordant des thèmes propres à chaque moment de l’année avec trois jeunes chanteurs au sommet de leur art: la soprano Andréanne Brisson Paquin – qui a offert un clin d’oeil enthousiaste en différé lors de la conférence de presse -, le ténor Kerry Bursey et la basse William Kraushaar.
Le concert de clôture du samedi 26 juillet présentera des œuvres de compositeurs français ayant parodié et parfois éhontément copié la musique de Vivaldi en compagnie du Chœur et Orchestre de la Mission Saint-Charles sous la direction du claveciniste Hank Knox. Le concert, qui sera précédé d’une conférence-répétition générale devant public, à 14h, le même jour, permettra d’autre part au public de découvrir la vièle à roue, un instrument peu connu qui sera manipulé par la musicienne Tobie Miller.
En outre, le Festival présentera deux concerts à l’église Saint-Antoine-de-Padoue de Miscou: Quatre saisons: la vision d’Oswald, composé de sonates du recueil Airs for the Seasons du compositeur écossais James Oswald ainsi que des danses et airs des pays celtiques. Le concert aura lieu le jeudi 25 juillet, à 15h sous la houlette de l’ensemble La Cigale. Le second, le samedi 27 juillet, également à 11h et intitulé Quatre saisons: la vision de Simpson, comprendra des oeuvres de Christopher Simpson, compositeur anglais du 17e siècle, et sera interprété par l’ensemble La Cigale.
Mentionnons aussi que Choeur de la Mission Saint-Charles, sous la direction de Pierre Lavoie, sera particulièrement mis en valeur durant le 48e Festival international de musique baroque de Lamèque.
En plus de chanter au concert final du 27 juillet, le choeur prendra part à l’événement Saisons chorales le vendredi 26 juillet, à 15h, à l’église Saint-Raphaël de Sainte-Marie-Saint-Raphaël. Le concert permettra au public de découvrir l’œuvre de compositeurs de la Renaissance et du début de l’époque baroque.
Faire le pont entre musique ancienne et modernité
Nouveauté qui fait le pont entre musique ancienne et modernité, le Festival offrira pour la première fois la chance à des musiciens ou chanteurs amateurs du public de s’inscrire à un «micro ouvert» lors d’un événement pré-festival qui aura lieu le mercredi 24 juillet, à 19h, à l’église Notre-Dame-des-Flots de Lamèque. Vincent Lauzer, directeur artistique du Festival, et Pierre Lavoie, chef du Chœur de la Mission Saint-Charles, dirigeront un ensemble de chanteurs et d’instrumentistes qui se lanceront dans l’interprétation d’œuvres anciennes et de chorals de Johann Sebastian Bach. Le président du conseil d’administration du Festival, Jean-René Noël qui, paraît-il, sifflote un peu de flûte à bec, a gentiment été mis au défi par son directeur artistique de jouer quelques notes en sa compagnie lors de cet événement…
«Chez les mélomanes, il y a aussi des musiciens qui n’en font pas une profession, mais qui ont peut-être le goût de présenter quelque chose. C’est un peu l’idée derrière le micro ouvert. Au-delà de ça, il y a toute une espèce d’exploration que nous voulons tenter. Il y a tellement de gens qui chantent en Acadie! Est-ce qu’on peut venir apprendre à chanter une petite mélodie de Bach? Même pour des personnes qui ne lisent pas la musique, ça s’apprend en peu de temps», assure Vincent Lauzer.
Les organisateurs du Festival ont par ailleurs choisi une oeuvre de l’artiste acadien de renom Georges Goguen comme signature visuelle pour sa 48e saison.
À bâbord toute pour le 50e anniversaire
Jean-René Noël croit que le Festival a toutes les chances de son côté pour se rendre à son 50e, dont il a promis une célébration en grandes pompes mercredi matin.
«Le festival remporte beaucoup de succès. Nos salles sont souvent pleines ou presque pleines. On a souvent des concerts qui sont à guichets fermés. Et ça, on ne voit pas ça partout. Peut-être qu’on ne le réalise pas à Lamèque, mais même de grands événements dans des grands centres et qui sont très prestigieux ne réussissent pas à attirer autant de public dans leurs salles», souligne M. Noël à l’Acadie Nouvelle peu après la conférence de presse.
Le fondateur du Festival international de musique baroque de Lamèque, Mathieu Duguay, se réjouit du fait que son enfant chéri continue à attirer des musiciens ainsi que des gens du public de partout dans le monde, bon an mal an.
«Quelqu’un qui n’est plus là m’a rappelé il n’y a pas si longtemps que, quand j’étais enfant, je lui ai dit ‘‘vous verrez un jour, il y aura un orchestre sur l’île de Lamèque’’. C’est un rêve qui est réalisé depuis longtemps, depuis 48 ans», confie M. Duguay en parlant de nombreux «moments inoubliables» qui ont jalonné les bientôt cinq décennies du Festival, en faisant «une institution incontournable» dans l’Est du Canada.
«En plus, ça attire un tourisme haut de gamme, des touristes qui ne vont pas polluer, mais qui vont au contraire apprécier, visiter et jouir de la région en été.»
La seule ombre au tableau, estime Jean-René Noël, demeure le financement des différents paliers de gouvernements, qui est «en forte décroissance» depuis quelques années.
«Il ne faut rien prendre pour acquis. Il faut se retrousser les manches et travailler très très fort pour assurer le financement du festival. La diminution des aides gouvernementales met plus de pression sur le secteur privé, sur la commandite, sur les donateurs, sur les grands mécènes, puisque les gouvernements, malheureusement, investissent de moins en moins dans la culture, dans le financement des événements comme les nôtres. Donc on ne lâche pas, mais ça rend le travail un petit peu plus compliqué.»
Les détails de la programmation sont disponibles sur le site web du Festival.