De nouvelles boutiques spécialisées dans la vente de boissons sans alcool font leur apparition un peu partout au Canada, à mesure que la demande pour les boissons alcoolisées diminue et que les consommateurs sont à la recherche de produits différents.

Jonathan Barembruch a constaté que l’offre en boissons sans alcool faisait particulièrement défaut lorsque sa conjointe est tombée enceinte.

Il a donc eu l’idée d’ouvrir le tout premier magasin de boissons sans alcool à Calgary, appelé le Santé Dry Bottle Shop, en juillet dernier.

«Je me suis rendu compte qu’il y a vraiment une lacune non seulement dans la disponibilité de bonnes boissons non alcoolisées, mais aussi dans la promotion qu’on en fait», a expliqué M. Barembruch, qui a une expérience dans l’industrie de la restauration et des bars, en entrevue.

«J’ai décidé que je voulais changer la façon dont les gens perçoivent les boissons non alcoolisées, leur montrer qu’il y a une réelle qualité, de la passion et du soin dans la fabrication de ces produits», a-t-il mentionné.

Le commerce de M. Barembruch fait partie des nombreuses boutiques de boissons non alcoolisées qui ont fait leur apparition au cours de la dernière année au pays.

«On commence à voir qu’il y a une occasion commerciale, du point de vue de la vente au détail, pour le domaine des boissons sans alcool», a observé Robert Carter, qui est analyste de l’industrie alimentaire chez le Groupe StratonHunter.

L’offre de produits sans alcool s’améliore constamment, en ce qui concerne la variété et le goût, «ce qui trouve un écho auprès des consommateurs», a-t-il ajouté.

La consommation d’alcool en baisse

Les jeunes sont moins portés que leurs prédécesseurs à consommer de l’alcool, a souligné M. Carter. Et pendant ce temps, les générations plus âgées réfléchissent de plus en plus aux conséquences de l’alcool sur leur santé.

Une enquête de Statistique Canada réalisée en 2021 a d’ailleurs révélé qu’un Canadien sur cinq buvait moins qu’avant la pandémie.

En 2023, Santé Canada a modifié ses recommandations en matière de consommation d’alcool, affirmant que les boissons alcoolisées devraient être limitées à deux par semaine — une baisse significative par rapport à son rapport de 2011 qui indiquait qu’un maximum de 10 verres par semaine pour les femmes et de 15 verres pour les hommes était acceptable.

«Boire de l’alcool fait partie de la culture depuis longtemps, donc même s’il existe des boissons qui imitent le goût, ce n’est pas toujours facile d’abandonner cette habitude», a affirmé Cristian Villamarin, qui a lui aussi ouvert une boutique spécialisée dans la vente de produits sans alcool, cette fois à Toronto.

Depuis qu’il a ouvert les portes de son commerce, en janvier, M. Villamarin a accueilli des milliers de visiteurs venus déguster ses plus de 100 bières, vins et cocktails sans alcool, mais qui ont aussi de nombreuses questions.

Notamment, plusieurs de ses clients se demandent pourquoi un vin sans alcool coûte aussi cher qu’un vin qui contient de l’alcool.

Les vins sans alcool subissent le même long processus que les vins alcoolisés, leur répond-il, y compris la distillation, la fermentation et le vieillissement, mais il existe une étape supplémentaire visant à éliminer l’alcool de la boisson, ce qui peut demander beaucoup de travail.

«C’est une fausse conception assez répandue que le vin sans alcool n’est que du jus de raisin», a aussi remarqué M. Barembruch, à Calgary.

Moment opportun

Selon M. Carter, le moment est peut-être «très bien choisi» pour ouvrir une boutique de produits sans alcool, puisque l’industrie de l’alcool, qui pèse plusieurs milliards de dollars, continue de connaître un déclin.

Dans un rapport publié en décembre dernier, Statistique Canada a démontré que les ventes d’alcool exprimées en volume ont chuté de 1,2% sur une période suivie entre 2021 et 2022 par rapport à la période de suivi précédente. Il s’agit de la plus forte baisse en plus d’une décennie.

Mais lancer sa propre entreprise n’est pas une chose simple. Et pour les personnes qui veulent se lancer dans la vente de produits sans alcool, il faut aussi convaincre les investisseurs que le tout sera rentable.

Un couple de Port Coquitlam, en Colombie-Britannique, l’a d’ailleurs appris à la dure l’automne dernier.

Leur idée était similaire à celle d’autres magasins de produits sans alcool, soit d’offrir aux clients une occasion de venir goûter à de nouvelles options qui s’offrent à eux, a expliqué la propriétaire du magasin, Racquel Foran.

Mais les banques et les assurances ne comprenaient pas leur modèle économique.

«Ça n’a pas été facile de se faire assurer et d’obtenir un prêt à la banque, parce qu’on dirait qu’ils ne comprenaient pas qu’on pourrait avoir du succès en vendant seulement des produits sans alcool», a-t-elle raconté.

Malgré tout, Mme Foran est convaincue que cette perception va changer rapidement.

«C’est une industrie en croissance: de plus en plus de gens s’y lancent, et de moins en moins de gens boivent de l’alcool», a-t-elle rappelé.

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