L’autrice France Daigle qui prononcera la conférence Maillet-Frye entend convier les festivaliers à un voyage de réflexions littéraires à partir d’une œuvre presque centenaire d’André Gide.

L’écrivaine originaire de Dieppe se dit honorée d’être invitée à présenter cette conférence pour le 25e anniversaire du Festival Frye. Elle a envie de parler de voyage. En parcourant sa bibliothèque, elle a choisi Voyage au Congo d’André Gide, publié en 1927. Amatrice de livres de voyage, cette œuvre lui a ouvert divers chemins de réflexion, l’amenant ensuite à consulter cinq ou six autres ouvrages en lien avec le thème.

«J’ai fait du pouce sur ce livre pour essayer de répondre à mes questions aujourd’hui. Je n’ai pas nécessairement trouvé toutes les réponses, mais j’ai trouvé des manières de réfléchir à la chose, à ce qui semble détestable de notre époque. Il y a l’environnement, les guerres, la politique, l’économie, la montée de la droite, les injustices… On n’a pas de contrôle dessus, on les voit, mais on peut faire notre petite part», a-t-elle expliqué.

«C’est un voyage de réflexion à partir des livres […] pour arriver à faire une sorte de synthèse de questions qui nous préoccupent aujourd’hui.»

Tout comme dans son roman Pour sûr, l’autrice se réfère souvent à la bibliothèque idéale quand elle choisit un livre. Ce sont des ouvrages qu’elle a collectionnés au fil des années dans différents endroits. Ce ne sont pas nécessairement des nouveautés, mais plutôt des œuvres qu’elle croise sur sa route.

Écriture et transidentité

Sa dernière publication Poèmes pour vieux couples remonte à 2016. Depuis, l’autrice a beaucoup lu, exploré d’autres avenues artistiques, travaillé à plusieurs choses, dont la rénovation de sa maison et de son atelier la Salle Curios à Caraquet. Malgré tout, elle a trouvé le temps d’écrire un nouveau livre qui sera beaucoup moins volumineux que son roman Pour sûr.

«Il est tellement petit que si j’en parle trop, il va perdre de son épaisseur», lance celle qui prévoit le publier à l’automne.

«Je pense qu’il n’y a pas vraiment de genre comme tel. C’est à la fois du vrai et du pas vrai, c’est un mélange. Il y a comme une petite intrigue, c’est de l’autofiction», poursuit l’autrice qui n’en dit pas plus.

Depuis qu’elle a levé le voile sur sa transidentité, elle ressent une espèce d’apaisement dans son besoin d’écrire. La pression est retombée. «Le fait d’avoir un peu résolu ma transidentité m’a un peu soulagé face à l’écriture et à la littérature. Je me sens moins poussée et pressée à écrire.»

«C’était (l’écriture) comme un peu une sorte de soupape, mais on dirait que j’ai pris le temps de respirer, puis je suis dans un autre état d’esprit. Ça n’en fait pas une négation de la littérature, mais pas la même pression d’écrire», a-t-elle confié.

Bien qu’elle continue d’utiliser le prénom féminin, l’autrice qui s’identifie davantage comme un homme affirme mieux comprendre maintenant ce qui se passe à l’intérieur d’elle-même. C’est lors d’une conférence au dernier festival Acadie Love, qu’elle a en parlé publiquement pour la première fois, par souci de transparence.

«Je comprends beaucoup mieux ce que je vis et juste ça, c’est déjà une grande satisfaction pour moi. Je me sens plus un homme qu’une femme. Mais j’ai l’éducation d’une femme.»

Pendant une grande partie de sa vie, elle a mis de côté cette réalité. Une rencontre avec des jeunes de la communauté 2ELGBTQ+ dans une école de la Péninsule acadienne a en quelque sorte changé sa vie. Après avoir échangé avec eux, elle s’est reconnue.

«C’est pas que je ne le voyais pas chez moi, c’est de prendre conscience de ces choses-là, pis ces réalités-là étaient quand même un peu nouvelles pour quelqu’un de mon âge.»

France Daigle a écrit plusieurs pièces de théâtre et publié une douzaine d’ouvrages, dont le roman Pour sûr couronné du Prix littéraire du Gouverneur général du Canada en 2012. La conférence Maillet-Frye sera présentée dimanche à 13h à la Salle Bernard-LeBlanc du Centre culturel Aberdeen.

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