Le Nouveau-Brunswick dépend plus qu’aucune autre province des transferts fédéraux. L’une des principales responsabilités de l’administration en place à Fredericton est donc d’entretenir des relations constructives avec Ottawa, peu importe la couleur du parti au pouvoir. Il est toujours étonnant quand la partisanerie prend le dessus.

Une annonce a eu lieu mardi au Centre hospitalier universitaire Dr-Georges-L.-Dumont. Le fédéral investira 430 millions $ en trois ans dans le système de santé du N.-B. Le ministre provincial de la Santé, Bruce Fitch, était de bonne humeur. «C’est une bonne annonce, une grosse annonce. J’apprécie l’aide du gouvernement fédéral», a-t-il indiqué.

Le ministre Fitch, qui annoncerait bientôt sa retraite de la politique, selon les rumeurs qui circulent dans la capitale, a raison de montrer sa reconnaissance. La plupart des Néo-Brunswickois n’ont pas idée à quel point le gouvernement canadien tient à bout de bras celui de notre province.

Selon Statistiques Canada, 39,1% des revenus du N.-B. proviennent des transferts fédéraux. Il s’agit du plus haut pourcentage au pays. En termes plus crus, notre province n’est pas viable financièrement.

Depuis le dépôt du budget provincial, le premier ministre Blaine Higgs vante le fait qu’il a été bien accueilli par les agences de notation et par les chroniqueurs de droite de certains journaux, comme le National Post. Sans enlever tout le crédit à M. Higgs, qui a fait de l’équilibre budgétaire sa priorité absolue, cela n’aurait pas été possible sans la croissance des transferts du fédéral qu’on observe depuis l’arrivée au pouvoir de Justin Trudeau.

Cette générosité ne sera pas éternelle. Ottawa voudra un jour ou l’autre renouer avec l’équilibre budgétaire. Le lendemain de veille sera difficile pour le Nouveau-Brunswick, d’autant plus que notre voix ne pèse pas lourd au Parlement.

L’Acadie Nouvelle a publié mardi un dossier portant sur le poids politique de l’Atlantique. Avec à peine 6,5% de la population canadienne et un peu moins de 10% des sièges aux Communes, nous avons un poids limité.

À certains égards, nos gouvernements provinciaux n’ont pas plus d’influence que certains groupes de pression ou des lobbyistes. Quand la ministre provinciale de l’Agriculture, de l’Aquaculture et des Pêches, Margaret Johnson, critique l’allocation de sébaste accordée aux crevettiers, sa voix ne porte pas plus fort à Ottawa que celles des associations de pêcheurs. Quand le ministère de l’Éducation postsecondaire, de la Formation et du Travail s’inquiète de l’impact du plafond d’étudiants étrangers sur le N.-B., Ottawa hausse les épaules.

Les gouvernements de l’Atlantique arrivent généralement à tirer leur épingle du jeu lors d’événements ponctuels. Frank McKenna s’est retrouvé en plein coeur des négociations constitutionnelles à la fin des années 1980 quand il a menacé de faire dérailler l’Accord du lac Meech. En 2016, Brian Gallant a rompu les rangs d’avec les autres provinces en signant une entente bilatérale sur la santé avec Ottawa.

Pour le reste, tout dépend surtout de la force des politiciens fédéraux. Des ministres comme Bernard Valcourt et Doug Young avaient leurs entrées dans les cercles du pouvoir. À l’inverse, Stephen Harper n’a nommé en 2006 qu’un unique ministre fédéral néo-brunswickois, Greg Thompson, aux Anciens Combattants. Inutile de vous dire qu’on ne parlait pas souvent de notre province au bureau du premier ministre.

Nous sommes privilégiés alors que nous pouvons compter sur un poids lourd acadien au cabinet: Dominic LeBlanc. Cette situation ne durera pas éternellement. Si le conservateur Pierre Poilievre devient un jour premier ministre du Canada, il nommera sans doute Rob Moore, Jake Stewart ou John Williamson à la tête d’un portefeuille mineur, ce qui fera le bonheur du premier ministre Higgs. Mais les intérêts néo-brunswickois seront-ils mieux défendus?

Personne ne s’attend à ce que Blaine Higgs fasse campagne pour Justin Trudeau ni que Susan Holt tisse des liens privilégiés avec Pierre Poilievre. Le jeu politique est ce qu’il est. Les fractures partisanes sont là pour rester.

Nous ne pouvons nous empêcher de remarquer que la première ministre ultraconservatrice de l’Alberta, Danielle Smith, a récemment participé à un face-à-face avec Justin Trudeau. Pendant ce temps, Blaine Higgs boycotte les annonces de financement de son homologue, mais participe aux rassemblements Ax the tax de M. Poilievre.

Le gouvernement néo-brunswickois a le devoir de développer de bonnes relations avec Ottawa. Une responsabilité que Blaine Higgs néglige, alors qu’il devrait plutôt s’en préoccuper avec un soin jaloux.

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